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Des pamphlets et des textes a gogo
Des pamphlets et des textes a gogo
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2 mai 2006

Je voyais un enfant, un bébé qui dormait

Il y a quatorze ans, déjà, que tu es mort.
Jamais je n'ai bien su, jamais je n'ai osé
En demander la cause à personne, et seul alors,
Fasciné, transporté, je n'ai qu'imaginé.
Je voyais un enfant, un bébé qui dormait.
De furtifs souvenirs, des images de toi
Seulement me reviennent : maman qui te baignait,
Avec une douceur telle qu'avec émoi
Je cherche, sans trouver, de ces petits moments
Où je l'ai vue si tendre, douce et appliquée,
Notre maman sérieuse et à l'amour distant,
Que je vois maintenant, qui m'a toujours semblé
Ainsi : un amour tu, qu'il ne faut pas montrer.
Sa réserve sévère vient-elle de toi,
Petit être fragile si tôt arraché
À sa vie souriante ? Cette absence pour moi
De ces mots maternels, hélas a bien manqué.
Que j'étais très aimé, bien sûr je le savais,
J'aurais juste voulu le voir manifester,
Pour mieux pouvoir le rendre. Mais cependant je n'ai
Aucune réponse, et, lorsque je pense à toi
(Ça m'arrive souvent), j'essaie d'imaginer
La suite de ta mort, tous les jours, tous les mois
Où nos pauvres parents ont dû la supporter.
Je revois nettement ce matin malheureux
Où maman s'est penchée au-dessus de ton lit,
Et appelant papa dans un cri douloureux
A crié que son fils, sa chair, gisait sans vie.
L'instant suivant m'échappe, et c'est peut-être mieux.
Il me restait un frère, une soeur allait naître,
La vie a continué. Enfant parti aux cieux,
Je pense encore à toi, innocent petit être,
Avec le coeur serré je te revois en rêve,
Je maudis l'injustice et je maudis le sort.
Oh oui que c'est injuste cette vie si brève !
Non je ne t'oublie pas, je te revois qui dors...

Enfant je priais Dieu, pensant de revoir,
Et bas je te parlais, je te croyais grandi,
Un garçon qui avait trois ans de moins que moi,
Dont je ne sais pourquoi, je me sentais très proche.

Malgré la force faible de mes pauvres mots,
J'ai voulu te montrer enfin combien toujours
Je t'aime.

À mon petit frère Sylvain

Né en juin et mort en septembre
Mille neuf cent quatre-vingt douze

T.A., le 2 mai 2006

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Commentaires
*
très bel hommage.
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