poème inspiré par le Radeau de la Méduse, tableau de Théodore Géricault (1819)
DÉSOLATION
Appesanties par d'écrasantes masses noires,
Larges débris d'une tempête terminée,
Les nues vespérales étendent sur le miroir
Marin des lueurs dansant sur les flots calmés ;
La brise, fille des rafales meurtrières,
Suit l'apaisement de la houle mugissante.
Pas un oiseau qui de son long vol fende l'air,
Flèche sombre par la clarté agonisante.
Errant dans l'infini de l'onde flexueuse,
Îlot remué des éléments adoucis,
Un radeau sous le crépuscule traîne et creuse
La mer, piteux esquif sur les flots indécis.
Quelques formes humaines dessus se dessinent
Qui gisent, d'Éole et de Neptune victimes
Ou bien désignées par la Fortune marine
Qui pour elles refuse à être magnanime.
Dans les fonds abyssaux repose leur vaisseau,
Sous les coups des lames et des vents submergé,
Et désarmés, les hommes devant ce fléau
À leurs dieux cruels crient leur souffrance infligée.
T.A., le 7 avril 2006